
Souvenir de ma prise de contact avec l’enluminure lors d’un stage organisé par la Bibliothèque de Troyes. On le sait, l’une des plus riches de France en ce domaine, car elle a hérité, entre autres, des œuvres de l’abbaye de Cîteaux. Or, donc, nous avions choisi nos modèles et composé à partir de plusieurs. J’avais aimé cet oiseau qui nous donne le la en notation par lettres.
Et je me compare un peu à cet oiseau, perché sur sa branche et qui chante en se moquant de tout, sans être inquiet par son avenir. Je me suis retrouvée en retraite avant même de l’avoir envisagée et je n’ai rien préparé. Mais j’en ai malgré tout bien profité depuis 12 ans déjà. A part la jeunesse, sans doute la meilleure partie de ma vie. Et même si je n’ai rien construit, j’ai essayé ce que j’avais envie d’essayer, et notamment les techniques d’expression artistique. Et même si je n’ai jamais été Cézanne, comme le disait Aragon, même si je savais que jamais je ne révolutionnerai l’art, et surtout l’art contemporain, j’ai apprécié le chemin de la découverte, par l’intérieur, de beaucoup de moyens d’expression plastique. Tenter de partager un peu du chemin des artistes eux-mêmes.
Et j’avoue que cette manière de faire m’a permis d’évoluer dans mes choix, mon avis sur l’art en général, d’aimer et apprécier des périodes entières qu’avant j’aurais jeté à la poubelle. On est comme cela lorsqu’on est jeune, on a des avis très tranchés. Par exemple j’ai appris à apprécier certaines œuvres du XIXe siècle, pire encore du XVIIe.
Dépoussiérer son regard, comme on dépoussière les œuvres d’art.

Et en regardant ce petit détail de l’une de mes premières enluminures je pense toujours à la chanson de Leonard Cohen : Bird on the wire qui me semble si bien illustrer la manière dont je me suis laissée porter par ma vie,
Like a bird on the wire,
Comme un oiseau sur un fil
I have tried in my way to be free.
J’ai essayé a ma manière d’être libre
J’ai enlevé la phrase sur l’ivrogne, car j’ai toujours essayé de ne pas en être une.